LE MARDI AU ZINC
MARDI 9 AVRIL 2019
David Sanson pour EOTB
Le Mardi Au Zinc Pierre
3 concerts de musique sauvage
17h30, 18h30 et 20h
4, rue du Mulet à Bordeaux
Odalisque (Audrey Poujoula et Jan Myslikovjan) : accordéon et électroacoustique
Salopes (Laurène Pierre Magnani et Monsieur Gadou) : Voix et guitare électrique
Les Chansons Impopulaires (Frédéric Le Junter : guitare électrique, trouve-pas-box mécanique, arc à élastique, ressort)…
Odalisque, c’est le duo que forment depuis deux ans Audrey Poujoula et Jan Myslikovjan : la première est passée par la classe de composition électroacoustique du Conservatoire de Bordeaux, le second poursuit sa formation à celui de Paris ; tous deux font partie de l’association Octandre, vouée à la défense de cette musiques que l’on dit « concrète ». Malgré sa relative jeunesse, le duo démontre une étonnante maturité musicale dans ses pièces où les timbres se mêlent et se démêlent, se confondent et s’opposent, s’imbriquent et se détraquent, matières en fusion dont les traitements électroniques démultiplient les effets… Un concert aussi spectaculaire pour les yeux que pour le corps l’ouïe, lame de fond sonore dont on ne parvient plus à déterminer de quel clavier (ceux de l’accordéon, celui de l’ordinateur ?) elle est issue.
D’Odalisque (qui, dans la littérature, a souvent été synonyme de « courtisane ») à Salopes, il y a un glissement sémantique que l’on ne se risquera pas à opérer. Reste que si le résultat musical est pour le moins différent, un même esprit de liberté rapproche le premier duo de celui récemment formé par Laurène Pierre-Magnani (voix) et Monsieur Gadou (guitare électrique). Membre d’une multitudes de projets allant du jazz au rock (Nour, The Bongo Hop, DurdN…) en passant par la « calypsoul » de Lord Rectangle, dont fait également partie Monsieur, Laurène Pierre-Magnani est une artiste aussi polymorphe que son partenaire. Pas d’électronique chez eux, juste de l’électricité – le courant n’en passe pas moins avec une étonnante facilité. Un accouplement musical gaillard et acrobatique, tout à fait consenti et certainement pas contre-nature, dont on est curieux d’accueillir les enfants (forcément) illégitimes.
Pour conclure cette nouvelle soirée de musique sauvage, un solo, détonant : celui de Frédéric Le Junter, qu’on ne présente plus, mais qui présentera ce soir-là son projet des « Chansons impopulaires ». « Je suis attiré par la contemplation du chaos, de la complexité, l’entremêlement des multiples réalités. (…) L’outil et son influence sur l’individu m’intéressent, les outils-prothèses, sonores ou non, comme le costume de l’homme-voilier que je présente sous forme d’actions, des mots trouvés-assemblés m’ont conduit à faire des chansons. » Homme-orchestre, bardé de ses instruments faits maison, il se métamorphose en un clown oulipien, musicien-actionniste s’appliquant à « déconstruire la musique banale », dans un français mâtiné de flamand. A travers ses chansons à caractère domestique ou politique, « pechno pop » pas plus domestiquée qu’elle n’est aseptisée, sans pedigree ni tabou, il livre un manifeste anti-populiste d’une salutaire alacrité.