LE MARDI AU ZINC
MARDI 26 MARS 2019
David Sanson pour EOTB
Le Mardi Au Zinc Pierre
3 concerts de musique sauvage
17h30, 18h30 et 20h
4, rue du Mulet à Bordeaux
Julia Robin et Mood : contrebasse, harmonium indien et voix
Urs Graf Consort : Prune Bécheau (violon, claviers, voix),
Adrien Bardi Bienenstock (voix, vielle à trou, basse),
Simon Sieger (trombone, accordéon, tuba, voix)
Mirtha Pozzi et Pablo Cueco : percussions du monde
Trois nouveaux concerts de musique sauvage et d’expérimentations transitoires, trois nouvelles rencontres inattendues, utopiques et cosmopolites figurent au menue de ce prochain « mardi au Zinc Pierre ».
Rencontre, tout d’abord, de deux chanteuses inclassables et musiciennes irréfragables : Mood et Julia Robin ont en commun d’évoluer aux confins de multiples univers, des musiques expérimentales aux musiques de tradition orale de tous les continents, de la chanson à l’improvisation. Le parcours de la première l’a menée de la Bretagne à New York, où elle a reçu l’enseignement de l’immense Meredith Monk, en passant par l’Inde – et jusqu’au plateau de The Voice, où elle s’est distinguée en 2016. Celui de la seconde, ces dernières années, s’est effectué en solo ou comme au sein de l’ensemble Icare de Dominique Pifarély, de l’ensemble UN de David Chiesa ou de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine en supplémentaire. Munies chacune de leur instrument d’élection – l’harmonium indien pour Mood, la contrebasse pour Julia Robin –, nos « demoiselles de Bordeaux » se livrent une joute orale et sonore dont le résultat promet d’être dépaysant.
Dépaysant, l’univers du Urs Graf Consort l’est assurément. En mode trio, Prune Bécheau (violon, claviers, voix), Adrien Bardi Bienenstock (voix, vielle à trou, basse) et Simon Sieger (trombone, accordéon, tuba, voix) s’entendent (et surtout : s’écoutent) à merveille pour faire souffler le chaud et le froid, alternant la brutalité et la sérénité, le foutraque et l’élégiaque, le virtuose et le rudimentaire, explosions free-rock et éclosions baroques… Ces musiciens magiciens convoquent sous leurs doigts un monde sonore qui semble s’inventer spontanément dans l’instant, monde foisonnant et déroutant comme le sont les eaux-fortes du graveur suisse de la Renaissance auquel ils empruntent son nom. Un art brut et pourtant naturellement savant, qui semble faire écho au mot de Jean Dubuffet : « L’art doit un peu faire rire et un peu faire peur. Tout mais ne pas ennuyer. »
Dépaysant, magique est aussi le voyage acoustique auquel nous convient pour finir l’Uruguayenne Mirtha Pozzi et le Corrézien Pablo Cueco. L’instrumentarium de ce duo de percussionnistes aguerris et pluridisciplinaires – dont les chemins ont croisé ceux de Luc Ferrari ou Jean-Pierre Drouet, d’Hélène Breschand ou Jean-Marc Montera, de Sylvain Kassap ou Ramuntcho Matta, parmi beaucoup d’autres – déploie dans nos oreilles et sous nos yeux une multitude de sonorités, d’esthétiques et de traditions musicales, comme on déploie ses ailes. Frappés, frottés ou caressés, sur la peau ou sur le métal, des quijadas (mâchoires d’âne) du Pérou aux gankokis (cloches doubles) d’Afrique, en passant par le zarb iranien, du Minnesota au Mexique, les sons troublent les sens, déjouent l’entendement, bouleversent les latitudes.